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Axe 3 – Introduction

La prévention a pu longtemps être perçue par les assureurs comme un gadget marketing, sorte de passage obligé pour se conformer aux usages du marché, avant de devenir une garantie obligatoire, mais restée très accessoire dans sa portée, dans les contrats d’assurance santé responsables.

Cette perception s’inscrit dans un cadre global de santé publique qui a longtemps priorisé les soins sur les actes de prévention (en dehors des politiques vaccinales). En 2015, la prévention représentait seulement 2% (5,8 Mds €) des dépenses totales de santé (247,7 Mds € soit 11,8% du PIB)…

Il est vrai que, sur un plan économique, la prévention n’a jamais vraiment trouvé son modèle. En santé, le financement public quasi intégral du gros risque n’a pas spécifiquement encouragé les investissements des assureurs santé en prévention. Et en prévoyance collective, les bénéfices induits par des politiques de prévention active se mesurent bien plus dans les comptes de résultat des entreprises (baisse de l’absentéisme, réduction des risques psycho-sociaux, hausse de la productivité) que dans les comptes techniques des assureurs.

Et pourtant, l’intensification concurrentielle, les évolutions sociétales encourageant le mieux-être, la révolution digitale et tout ce qu’elle implique en termes de personnalisation de masse (multiplication des objets connectés et des applications prévention des assureurs), l’intérêt toujours grandissant des individus pour leur santé, la pression sur les marges tant en assurance santé que prévoyance (y compris en assurance emprunteur), devraient conduire à revoir l’approche en matière de prévention santé.

Mais il est pour cela crucial que le marché parvienne à dépasser une concurrence par les prix, antinomique avec le coût d’un service réel de prévention, pour rechercher une différenciation par les services à valeur ajoutée que les assureurs pourront offrir à leurs clients, pour devenir des prestataires de service utiles et non plus de simples financeurs, avant de devenir peut-être des partenaires de vie.

  • Pour construire un modèle économique efficace, les assureurs devront, en assurance individuelle, établir avec les assurés des relations dont les bénéfices mutuels croissent dans le temps (capitalisation sur la connaissance du risque via notamment les technologies Big Data) pour réduire la volatilité de la clientèle, notamment des meilleurs risques.
  • En prévoyance collective, l’employeur, premier bénéficiaire des mesures de prévention (81% des dirigeants s’attendent à jouer un rôle plus important en matière de santé des salariés dans les 5 ans), devrait être un acteur clef dans le déploiement des mesures de prévention individuelles et collectives et doit pouvoir s’appuyer sur l’expertise de son partenaire assureur, mais aussi la rechercher. La valeur ainsi créée doit être mesurée en vue d’être partagée entre les parties prenantes (entreprise / salarié / assureur).
  • L’assurance emprunteur offre un terrain propice à l’innovation en prévention en donnant une valeur d’usage aux contrats et en réduisant plus efficacement les charges techniques par un accompagnement sur-mesure dans le temps des assurés plutôt qu’une simple sélection des risques à l’entrée, d’une valeur limitée, par ailleurs fort dommageable sur la relation client.

Les services de prévention peuvent prendre toute sorte de forme et ne se limitent certainement pas aux services digitaux ; le coaching et l’accompagnement humain ont toute leur place dans ces politiques.

In fine, on pourrait voir émerger de nouveaux modes de souscription du type « Pay how you live » davantage axés sur l’incitation à adopter un comportement vertueux par la récompense que par l’ajustement tarifaire comme cela peut être le cas en assurance automobile.

Afin d’accompagner ce renouveau de la prévention et l’aider à trouver son modèle économique, les travaux de recherche publics et privés sur les liens entre prévention, morbidité, qualité et espérance de vie doivent certainement être densifiés pour favoriser l’émergence de modèles pertinents alignant l’intérêt de toutes les parties. Cela suppose notamment un accès simplifié aux données de santé publiques et des évolutions réglementaires pour favoriser le traitement des données de santé à des fins de prévention. A cet égard, la vigilance de l’ensemble des parties prenantes et le cadre national très protecteur en matière de données de santé devraient constituer un atout pour initier ces démarches  dans un climat de confiance sur le marché français.

La prévention pourrait devenir donc une arme de fidélisation et donc de captation de valeur à long terme pour les assureurs, à condition qu’elle soit continue, personnalisée et valorisée à des fins de partage.

 

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