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Axe 1 – Introduction

Des évolutions sociétales et technologiques qui bousculent les modèles de prévention en place…

Alors que nous fêtons cette année les 10 ans de la révolution des usages entamée avec l’apparition de l’iPhone, le numérique n’en finit pas de bousculer notre quotidien et nos certitudes.

Mieux, il accompagne (et en est en partie responsable) notre rejet de l’organisation « verticale » de la société telle que nous l’avons connu : nous sommes les nouveau-nés d’une nouvelle ère « post-industrielle » ou le numérique structure nos besoins et les réponses que nous allons trouver pour y répondre. Des nouveau-nés qui, collectivement, délaissent les « corps intermédiaires » et leur délégation d’expression, y préférant « l’expression directe » et la représentation individuelle.

Des nouveau-nés qui ne supportent plus l’autorité contrainte d’un état préférant y substituer une « individualité collective ».

Des nouveau-nés qui sont les spectateurs et les acteurs involontaires d’une « uberisation » massive de la société et de ses fondements économiques…

C’est indéniable : le numérique encourage notre « individualisation » de l’avenir. Ainsi le SMS, l’iMessage, les mails et Facebook ne font pas que réduire de 20 % par an le nombre de lettres envoyées et de courriers postés, ils participent activement à cette « individualité collective ».

Aujourd’hui, votre nombre d’amis Facebook est le reflet de votre représentation numérique personnelle, pas celui de votre sociabilisation ! Les systèmes de prévention « collective », pensés par des acteurs apparus à la libération (les « sociétés de secours mutuels » vont alors se transformer en « Assurances Mutuelles ») n’échapperont pas au choc que va lui imposer cette nouvelle pensée.

Parce que cette nouvelle façon d’agir « pour soi » va s’étendre à cette santé que l’on annonce de plus en plus connectée.

La révolution qui se prépare peut-être mise en perspective avec le choc des années Sida même si les ressorts en sont bien différents.

Militant à l’association AIDES au début des années 90, à l’époque ou l’annonce d’une séropositivité était le marqueur d’un compte à rebours inéluctable en l’absence de toutes béquilles thérapeutiques, je participais à une organisation de malades et de militants soucieuse de porter un message collectif.

Sans internet, sans SMS, sans mail et sans Facebook, une « communauté » s’organisait et structurait les messages de prévention, mais aussi exigeait une réponse curative que le corps médical tardait à fournir.

Un corps médical totalement bousculé par des malades qui en savait plus sur cette maladie que la plupart des généralistes consultés…

Un corps médical pris de court et désemparé par des malades qui refusaient une fatalité annoncée, partageant et interprétant leurs résultats biologiques, les effets secondaires de tels ou tels traitements… La peur a laissé place à l’action communautaire et cette action communautaire a participé à la transformation d’une organisation médicale assise sur 100 ans de certitudes.

La révolution qui s’annonce, à l’image de notre société, ne sera pas communautaire, mais individuelle et ne concernera pas une population particulière, mais l’ensemble des malades potentiels que nous sommes tous !

Un enfant né en 2018 n’utilisera jamais un billet de banque ni une pièce de monnaie pour acheter son pain et il est fort à parier qu’il aura à sa disposition des capteurs ou autres bracelets à même de monitorer sa journée et d’appréhender au mieux son avenir biologique.

Ce scénario n’est déjà plus de la science-fiction : aujourd’hui une montre connectée un peu évoluée vous en apprend plus sur votre santé cardiovasculaire que votre visite sans cesse reportée chez le cardiologue !

Et l’appropriation de ces données par une population jeune, avide de représentativité numérique, va amplifier cette tendance.

Suivre sa glycémie, son cholestérol, l’évolution de sa masse grasse et accéder à une mine d’informations d’un simple clic va bouleverser les usages et imposer de repenser une réponse médicale à nouveau inadaptée !

Le sida et sa réponse communautaire ont transformé la prise en charge médicale et sanitaire du malade.

Le numérique et son appropriation individuelle participeront à une nouvelle transformation.

Mais cette fois-ci, cette transformation impactera l’ensemble de la société et son modèle de prise en charge.

Cette fois-ci, cette transformation sera une véritable révolution ! Associez à cette lame de fond un désengagement financier de la puissance publique encourageant les défiscalisations individuelles au profit d’une prise charge financé par un régime général trop coûteux comme souvent inadapté et vous avez tous les ingrédients d’une nouvelle rupture sociétale : celle de l’individu roi.

Un individu roi qui s’épanouit seul, milite pour son individualité, trace et commente ses marqueurs biologiques en même temps qu’il veut noter son médecin comme il va noter son restaurant, soutenu en cela par ses 2 354 amis Facebook qu’il ne verra jamais et 13 900 like d’inconnus !

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